Terres d’Espoir : Aimer nos agriculteurs, c’est défendre notre modèle agricole !

02.02.2024 - Interviews

L’agriculture a toujours été au cœur de notre identité et de notre culture. Elle garantit notre indépendance, renforce notre balance commerciale, fait notre fierté à travers le monde, façonne nos paysages.

Aujourd’hui, la question de la souveraineté agricole française est plus déterminante que jamais. Face à un pays que l’on dit fracturé, face au retour de la guerre sur le continent européen et la multiplication des foyers de conflit et d’instabilité, il est temps de réaffirmer notre engagement envers une agriculture forte et autonome.

Le « réarmement de la France » prôné par le président de la République doit s’appliquer à notre agriculture Française.

La France est capable de subvenir à ses propres besoins alimentaires et agricoles, tout en préservant la qualité de ses produits et en maintenant une balance commerciale extérieure croissante. Réaffirmons-le : nous avons l’agriculture la plus durable et la plus saine au monde !

Pour maintenir et renforcer ce cap, il nous faut assurer la sécurité alimentaire de notre nation, tout en réduisant drastiquement les importations ne respectant pas nos critères européens et français. Il n’est pas question de repli ou de fermeture de nos frontières, il est question d’affirmer un principe simple : rien de ce qui entre à l’intérieur de nos frontières ne peut être moins-disant écologiquement ou socialement.

En deux décennies, la France a connu une augmentation de sa dépendance à l’égard des importations alimentaires. Cela nous expose.

Les fluctuations des marchés mondiaux, les crises sanitaires ou le dérèglement climatique dans d’autres régions du monde perturbent notre approvisionnement alimentaire.

Pour garantir notre sécurité alimentaire, il est impératif de maintenir une base solide de production agricole nationale. Cela signifie soutenir nos agriculteurs locaux, investir massivement dans la modernisation de nos exploitations en sortant d’une logique figée du « small is beautiful » et encourager la diversification des productions pour réduire notre vulnérabilité aux chocs externes.

 

Innovation et durabilité : la voie de l’avenir

La souveraineté agricole ne peut être atteinte sans une agriculture moderne et durable. Il est essentiel de promouvoir l’innovation technologique, l’agroécologie et les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement pour augmenter la productivité tout en préservant nos ressources naturelles.

Les agriculteurs français doivent être encouragés à adopter des méthodes plus durables, à réduire l’utilisation d’intrants chimiques et à promouvoir la biodiversité. Cela les aidera à faire face aux défis du changement climatique et à garantir la viabilité à long terme de notre agriculture…Mais cette ambition s’exerce aujourd’hui au détriment de leur propres revenus !

Il ne peut y avoir d’ambition dans nos exploitations agricoles s’il n’y a pas de rémunération juste, un prix payé en rapport avec leurs efforts, sans un financement déterminant de son évolution et enfin une prise de conscience réelle du consommateur, et donc des citoyens, que la transition agroécologique est possible uniquement sur un temps long.

L’urgence climatique nous oblige, notre alimentation tout autant.

 

Soutien gouvernemental et engagement collectif

La France a un rôle crucial à jouer dans la promotion de la souveraineté agricole tant au niveau français qu’européen. Cela nécessite des politiques agricoles cohérentes qui encouragent l’investissement dans le secteur agricole, la recherche et le développement, ainsi que la formation des agriculteurs.

Mais cela nécessite force et fermeté dans notre ouverture au monde à travers nos accords de libre-échange. Comment peut-on encore accepter des denrées alimentaires produites sans aucune compatibilité avec nos normes françaises ? Les exemples sont si nombreux qu’il en devient ridicule et gênant de les lister… La diversité des catégories d’agriculteurs qui bloquent aujourd’hui le pays n’en est que le révélateur.

Des producteurs de lait, en passant par les céréaliers, les éleveurs bovins, les producteurs de poulet, les arboriculteurs ou même des apiculteurs, tous ont ce sentiment d’abandon et d’incompréhension face à des injonctions toujours plus nombreuses, toujours plus contradictoires : nos terres d’espoir ne sont que désespoir.

Que nous disent les agriculteurs ? A leurs côtés sur le blocage de l’A10, les questions sont simples : on nous dit qu’on nous aime mais pourquoi personne ne paie le prix ? Pourquoi sommes-nous systématiquement montrés du doigt ? Qui nous soutiendra vraiment ?

Les revendications ne sont plus uniquement celles du revenu, d’une suppression de hausse de taxe ou d’une énième norme aberrante. Elles sont bien plus profondes que cela et toutes sont fondées sur une seule perception : celle de la confiance perdue.

Cependant, la souveraineté agricole est un effort collectif qui implique l’ensemble de la société. Les consommateurs ont un rôle à jouer en soutenant les produits français, en valorisant la qualité plutôt que la quantité. Les entreprises peuvent contribuer en favorisant la durabilité dans leurs chaînes d’approvisionnement. Les agriculteurs eux-mêmes sont au cœur de cette démarche en adaptant leurs pratiques pour répondre aux besoins actuels tout en préservant l’avenir.

Reste aujourd’hui à débloquer une situation qui s’englue et dont l’issue reste incertaine.

L’espoir doit passer par une stricte application des lois EGALIM votées dans le précèdent mandat et qui ont fait preuve de leur parfait fonctionnement les deux premières années. Alors faisons les respecter ! Moins d’agents armés de l’OFB pour contrôler nos agriculteurs, plus d’agents de la DGCCRF pour contrôler les négociations commerciales !

Mettons en place un moratoire immédiat sur nos normes et contraintes franco-françaises qui épuiseraient n’importe quel agriculteur et réalignons-nous strictement sur le droit européen : tout ce qui est au-dessus doit être supprimé.

Appliquons strictement les clauses miroirs, sans aucune dérogation, avec le principe simple d’une réciprocité totale des produits importés avec nos normes Française.

La lueur de cet espoir est encore là. Ne la laissons pas s’éteindre.

Ils sont encore 400 000 en France à nous nourrir, nous en perdons 25 par jour.

C’est maintenant qu’il faut réagir.

Gregory Besson-Moreau
Gregory Besson-Moreau est entrepreneur dans l’ingénierie et ancien député de l’Aube, entre 2017 et 2022. Il a notamment été rapporteur de la loi sur l’alternative aux néonicotinoïdes et de la loi Egalim 2. Il a également été rapporteur de la commission d’enquête Lactalis ainsi que de la commission d’enquête sur la grande distribution.