« Nous devons être un peu plus à l’écoute des Africains »

20.05.2022 - Interviews

Le monde est incontestablement à un tournant. Toutes les certitudes géopolitiques et géoéconomiques de ces dernières années sont en train de voler en éclats. Un nouveau monde est en train de naître autour de multiples questions de souveraineté et de volonté de renaissance de nombre de populations. Dans ce contexte, comment appréhender la relation entre la France et l’Europe avec l’Afrique ? Quels constats faut-il dresser sur la situation actuelle ? Comment trouver la bonne trajectoire pour construire ensemble si tant est que cela demeure un objectif partagé ? Grand connaisseur de l’Afrique, Alexandre Medvedowsky préside le cabinet ESL & Network ainsi que l’Observatoire de l’intelligence économique français. Sans langue de bois, il a livré au Point Afrique ses réponses.

 

Si vous aviez un commentaire à faire aujourd’hui de la situation en Europe et à l’international, que diriez-vous ?

Alexandre Medvedowsky : La situation est extrêmement dangereuse. On est à un moment de notre histoire où la stabilité du continent européen est lourdement remise en question. L’acte d’agression de la Russie vis-à-vis de l’Ukraine, un pays non-membre de l’Union européenne et de l’Otan, fait peser des menaces extrêmement fortes sur la sécurité du continent européen et sur l’équilibre du monde. On est véritablement à un tournant du paysage géostratégique mondial, qui avait déjà évolué avec l’émergence d’une confrontation économique, politique et idéologique assez lourde entre les États-Unis et la Chine. On a pensé que le monde allait se structurer autour de cette confrontation, mais une autre configuration est en train de naître avec des risques de déséquilibres au cœur de l’Union européenne, avec toutes les répercussions et les risques de dérapages que cela peut entraîner.


Comment situez-vous la place pour la France dans ce monde en pleine recomposition ?

Alexandre Medvedowsky : D’abord, un premier constat : ces dernières années, la France a vu son influence décliner à la fois à travers le monde mais aussi dans ses zones traditionnelles de rayonnement, comme le continent africain où son rôle politique, stratégique et économique est allé jusqu’à être contesté. Au sein de l’Europe, la France continue d’être un des moteurs, mais notre continent est en situation de faiblesse et de manque de cohésion forte. La guerre en Ukraine peut marquer le réveil de l’Europe. L’illustration en a été qu’au déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la France a réagi instantanément et vigoureusement par la voix de son président, qui assure également en ce moment ‒ faut-il le rappeler ‒ la présidence de l’Union européenne. Cette réaction rapide et unitaire est intervenue à tel point que Vladimir Poutine n’a pas su l’anticiper.

Deuxième constat : le réveil de l’Europe s’est fait sous la houlette de la France mais aussi de l’Allemagne à côté des autres pays, même si l’unanimité, qui s’est manifestée d’une façon assez forte, a aussi ses limites car il n’est pas toujours facile de mettre tout le monde d’accord sur les sanctions, notamment celles concernant l’énergie. Cela dit, il est important de noter que l’Europe, et la France en son sein, a, d’une certaine manière, été au rendez-vous de l’histoire.


Comment la France doit-elle procéder dans le contexte ainsi mis à jour ?

Alexandre Medvedowsky : Il me vient à l’esprit de mettre en parallèle deux éléments très importants pour le changement de la conception que peut avoir la France de son rôle dans le monde et sur le continent européen.

Replaçons-nous dans la période avant la crise ukrainienne. Des concepts extrêmement forts et puissants de souveraineté économique et de souveraineté industrielle ont été portés à la fois en France au niveau des pouvoirs publics, mais aussi au niveau de l’Union européenne, sous la houlette de Thierry Breton ‒ notamment dans l’affirmation de la nécessité d’une politique industrielle extrêmement forte. La volonté de reprendre en main notre destin, alors que le choc entre les États-Unis et la Chine continue de prendre forme sous nos yeux, a été manifeste.

En plus d’une prise de conscience économique extrêmement forte, il y a désormais une autre prise de conscience autour de la nécessité de solidarité en matière de sécurité. Sans se substituer à l’Otan, cet élan peut donner un souffle nouveau, une dimension nouvelle, à ce qu’ont été les traités d’alliance militaire entre les pays de l’Alliance atlantique ou de l’Otan, avec un cœur de stratégie au niveau de l’Europe. De ce point de vue là encore, la France a joué son rôle et ce n’est pas rien de voir l’Allemagne revenir sur sa politique de défense et décider que son armée doit renaître à travers un effort budgétaire et financier aussi important que celui annoncé de 100 milliards d’euros. Personne n’y pensait et n’y aurait cru il y a six mois. De grands connaisseurs de l’Europe et des diplomates chevronnés, comme mon collègue Jean-David Levitte, ont été estomaqués par la rapidité avec laquelle l’Union européenne a réussi à se mettre d’accord en l’espace de quelques jours après que la Russie et Vladimir Poutine ont pris la décision d’agresser l’Ukraine.


Quelles leçons tirer de tous ces constats ?

Alexandre Medvedowsky : Je souhaiterais que ce type de réveil se manifeste également sur d’autres continents. Ce serait bien que l’on arrive à décliner cette reprise en main du destin de l’Europe et en particulier de la France, en politiques d’influence sur d’autres terrains. Je pense notamment à l’Afrique, où la façon dont on a agi a ouvert le flanc à la critique, une critique qui a permis à d’autres pays de s’engouffrer quand on a laissé la place. En effet, ce qui s’est passé en Afrique ces dernières années est extrêmement inquiétant. Ça l’est pour l’Afrique, mais aussi pour l’influence de la France et de l’Europe en Afrique. Et ce que je dis pour l’Afrique vaut pour également l’Asie, qui est certes un peu plus loin de chez nous, mais tient aussi un important héritage de la tradition française découlant d’une présence historique, notamment dans son flanc sud-est.

De fait, il faut absolument que l’Europe profite de ce réveil collectif et de cette unité retrouvée autour de la reprise en main de son destin pour passer à l’offensive et défendre ses idées, ses valeurs, sa place, ses économies, ses partenariats et ses composantes industrielles dans le monde entier. Les réactions à la crise ukrainienne montrent que c’est possible. Cette prise de conscience est bien une réalité. Il va falloir l’amplifier et la décliner.


Comment voyez-vous l’architecture des relations intra-européennes, mais aussi de celles avec les autres continents, notamment l’Afrique ?

Alexandre Medvedowsky : Quand on est chez nous, en Europe, on voit bien ce qu’il faut faire. Au-delà de la cohésion, de l’unité, de la défense commune, des politiques industrielles communes, il y a la nécessité de défendre nos technologies en nous positionnant sur celles dont on a besoin et que l’on a perdues, ainsi qu’en promouvant des politiques de relocalisation.

Avec les autres continents, on ne peut pas agir seul. Si nous avons une vision impérialiste – les Africains emploient souvent le terme « colonialiste » – de nos rapports avec eux, on reproduira ce que l’on nous reproche aujourd’hui et les situations de faiblesse dans lesquelles nous nous trouvons.

Je suis assez frappé de voir combien l’Afrique nous reproche de ne pas avoir compris qu’elle avait changé. Le grand problème, c’est que, quand nous sommes présents, nous le sommes mal car de nouveau en train d’expliquer aux Africains ce qu’il faut qu’ils fassent plutôt que d’avoir une attitude de partenaires. Il faut en effet avoir conscience d’une chose : les Africains n’attendent pas que des entreprises françaises s’installent chez eux pour leur expliquer comment ça fonctionne et comment ça marche.

Autre point important : la nécessité de prendre en considération le développement du contenu local. J’ai constaté qu’à chaque fois que nous intervenions aux côtés d’entreprises françaises aux quatre coins de la planète pour obtenir des marchés, des discussions et des négociations sur la part locale ont été abordées. C’est le cas dans des pays européens, en Asie, en Amérique du Nord ainsi qu’en Amérique latine. C’est en revanche assez peu le cas en Afrique. On observe certes un frémissement en la matière dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Maroc, la Tunisie ou l’Algérie, mais un bon bout de chemin reste à faire. Globalement, il nous est souvent reproché de vouloir venir faire des affaires, mais de ne pas investir. Et, quand nous investissons, nous le faisons trop lentement, contrairement aux Chinois qui arrivent tout de suite, ouvrent leur chéquier et financent.

De fait, nous travaillons à aider nos clients à adopter la même démarche, même si, pour beaucoup, l’Afrique est considérée comme un continent plus risqué que d’autres. Pourtant, cela est faux. Il n’y a pas plus d’instabilité économique en Afrique qu’il y en a aux quatre coins de la planète. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de risques en Afrique, il y en a plein ; mais ce sont des risques fiscaux, des risques politiques, des risques de réputation. Mais les entreprises françaises qui y travaillent depuis longtemps considèrent qu’elles y gagnent très bien leur vie. Cela contribue à changer progressivement les états d’esprit. L’illustration en est qu’aujourd’hui, vous avez de plus en plus de fonds d’investissement qui acceptent d’aller en Afrique, ce qui n’était pas envisageable il y a cinq ans. Ainsi, un fonds comme Wendel en France a maintenant accepté d’aller investir en Afrique, et Ardian, qui ne l’envisageait pas du tout il y a quelques années, y réfléchit à ma connaissance.

Sur la question de l’architecture économique, il y a un sujet important : celui des agences de coopération telles que l’Agence française de développement (AFD). Par rapport aux agences américaines, chinoises ou encore la GIZ allemande, qui disposent de moyens colossaux, l’AFD est handicapée par la bureaucratie. Cela ne l’empêche pas de progresser en faisant de son mieux, mais quand même…

Sur le plan politique et culturel, nous avons des défauts souvent rédhibitoires pour les Africains. Il faut rappeler que nous leur expliquons souvent qu’il ne faut pas qu’ils viennent chez nous, qu’ils n’y ont pas de place, qu’on ne va pas leur délivrer de visa, que leurs enfants n’ont qu’à aller faire leurs études ailleurs, etc. Le résultat, c’est la constitution d’un sentiment de rejet, un sentiment anti-français, dont le cas du Mali est une parfaite illustration.

À cela il faut ajouter une incohérence dans l’appréciation des situations politiques d’un pays à un autre, notamment autour de leur nature plus ou moins autoritaire et du regard que l’on pose sur leurs institutions.  Cette hésitation permanente entre un pragmatisme visant à ne « pas déstabiliser des zones géographiques », et la volonté de donner des leçons à partir du prisme de nos démocraties occidentales, est véritablement problématique.

J’aimerais surtout qu’on ait un président de la République qui aime l’Afrique, qui ait envie d’y consacrer du temps et de la découvrir. Les vrais chefs d’État qui ont eu une bonne image en Afrique sont ceux qui ont su faire des tournées africaines de sept ou huit jours, pour prendre leur temps. C’est vrai que c’est compliqué dans le monde actuel pour un chef d’État mais cette présence physique et politique est importante. Pour constater combien la situation actuelle est délicate, les choses se passent comme s’il y avait de moins en moins de spécialistes de l’Afrique dans la sphère gouvernementale. C’est un vrai problème, car les Africains ressentent fortement cette distance prise par les politiques français vis-à-vis de l’Afrique.

 

Ne sentez-vous pas monter le discours « l’Afrique, c’est cause perdue, au revoir le Mali, la Centrafrique, le Burkina Faso ; la France et ses entreprises sont perdantes en Afrique » ? Entre les droits de l’homme et ce principe de pragmatisme, que faire ?

Alexandre Medvedowsky : Nous ne sommes pas bloqués entre les deux. Je pense que nous devons faire des choix. Notre position et notre attitude ne doivent pas être les mêmes partout sur le continent africain car nous devons être un peu plus à l’écoute des Africains. Ce n’est pas la même chose d’être dans un pays où l’on est attendu à un moment donné pour dire des choses fortes, et dans un pays où l’on dit des choses fortes alors que personne ne nous les a demandées ; ce n’est pas tout à fait la même chose.

 

Cela nous amène à un pays comme le Mali, où l’on s’interroge sur l’opération Barkhane…

 Alexandre Medvedowsky : La question qui est posée est de savoir si l’intervention au Mali était une bonne intervention. Je pense que oui, et ce, d’autant plus qu’elle était attendue par les Maliens. Cela dit, si l’intervention de la force Barkhane s’était accompagnée d’une politique de développement économique, de soutien, d’investissement et d’éducation, peut-être que les Maliens aujourd’hui applaudiraient et auraient demandé à Barkhane de rester. Ainsi, quand je discute avec le général Castres, qui connaît très bien le problème pour avoir été sous-chef d’état-major « Opérations » à l’État-major des armées lors du lancement de Serval et Barkhane, il me répond que le Mali ne pouvait pas être qu’une opération militaire.

 

Alors, que faire ?

Alexandre Medvedowsky : De mon point de vue, il faut mettre en place une autre politique africaine, une politique africaine de la France qui n’existe pas aujourd’hui. Au regard de ces constats, je dis que, si le champ des choses à faire est vaste, il n’est pas impossible pour autant. Je pense qu’il faut passer par plusieurs canaux d’actions pour reconsidérer et faire remonter l’estime de la France, des Français et des politiques français vis-à-vis de l’Afrique.

 

Le sommet Union européenne – Union africaine qui s’est fixé comme objectif d’organiser « une interdépendance équilibrée » induit-il que la politique africaine de la France s’insère dans un ensemble plus large ?

Alexandre Medvedowsky : Je pense que oui, car cela donne plus de moyens de mener des politiques efficientes. L’addition des moyens des différentes agences de coopération des pays européens ne peut qu’accroître leur efficacité. Il faut ensuite que l’Europe prenne conscience que, si elle veut avoir de meilleurs succès en la matière, elle doit être plus active sur les terrains extérieurs, notamment en Afrique. C’est indispensable dans le cadre d’un dialogue nord-sud ou dans le cadre de la verticale Afrique-Méditerranée dont a parlé il y a déjà longtemps Jean-Louis Guigou.

 

Pour revenir à la France, quels sont les chantiers qui la challengent actuellement et sur lesquels elle doit mieux s’investir ?

Alexandre Medvedowsky : L’une des portes d’entrée à prendre en considération est l’éducation. Elle a été pour la France un des atouts d’influence dans le monde. Malheureusement, depuis de nombreuses années, les crédits des lycées et écoles françaises sont en chute. Ces établissements ont de moins en moins de moyens pour fonctionner. Non seulement on n’en ouvre plus, mais on a plutôt tendance à en fermer quelques-uns. En lâchant petit bout par petit bout, on rogne une partie de la réputation de la France et de la formation des jeunes dans ce pays. Et je ne parle pas de l’enseignement supérieur, où l’on refuse des visas à des étudiants qui veulent faire leur troisième cycle en France. Résultat : la majeure partie d’entre eux vont en Angleterre, au Canada, aux États-Unis, en Russie, en Chine, en Turquie, etc. Il y a un vrai raté en termes d’ouverture, avec des dégâts importants. La dernière illustration en a été ce qui s’est passé avec les pays d’Afrique du Nord à propos des restrictions de visas. L’effet de rejet a été immédiat avec toutes les conséquences dommageables que cela entraîne.

Autre sujet sur lequel nous devons travailler car nous y avons perdu du terrain : celui de la francophonie. Celle-ci a été malheureusement abandonnée depuis au moins deux ou trois mandats présidentiels. On ne parle plus de la francophonie ! Les sommets francophones sont des sommets de rencontre des chefs d’État. J’en sais quelque chose puisque c’est mon cabinet qui a aidé à organiser les deux derniers, à Madagascar et en Arménie. Donner un contenu économique à ces sommets serait un « plus » apprécié des chefs d’entreprise et des patronats des différents pays francophones. J’ajoute un autre front à prendre en considération : celui du charity, c’est-à-dire de l’aide. Ces dernières années, des pays comme le Qatar, la Turquie, les États-Unis ou l’Angleterre ont développé des programmes très importants de charity par le biais de fondations, apportant de l’argent pour nuancer des programmes éducatifs, culturels et sociaux dans nombre de pays africains. La question que nous devons nous poser est de savoir ce que nous faisons en ce domaine. Quels sont les outils que nous mobilisons pour être à la hauteur de ce défi ? Ma crainte est que nous n’ayons pas réfléchi à l’impact de ces politiques de charity à l’endroit des populations démunies, défavorisées, qui n’ont pas de quoi éduquer leurs enfants ni de quoi les nourrir. Je pense qu’il faut absolument déployer des initiatives à partir de décisions du gouvernement, de l’État français, mais aussi d’entreprises comme Total ou Orange, très présentes en Afrique et qui pourraient, à travers des fondations privées soutenues par l’État, s’impliquer dans des programmes de charity.

Dernier point, et pas des moindres : l’information. Ce point est fondamental et conduit à se poser au moins une question essentielle : comment se fait-il que nous dépensons autant d’argent public vers l’information et que cela ne serve pas les intérêts de notre pays ? L’exemple d’Al-Jazeera et du Qatar est édifiant à cet égard. Je ne dis pas que c’est le bon modèle, mais quand même… Un petit pays comme le Qatar, avec une population de 250 000 à 300 000 habitants, a réussi à mettre en place un outil d’information physique par les chaînes de télévision, Al-Jazeera, et digital, avec AJ+. Il a mis en place un outil d’influence mondiale qui a contribué à l’émergence du Printemps arabe et exerce une influence sur les opinions publiques de nombre de pays. Maintenant, Al-Jazeera est diffusée à peu près partout dans le monde et est présente sur les réseaux sociaux. De la Californie à l’Amérique latine, elle est devenue un média qui compte et ils s’intéressent à l’espace francophone.

Pour revenir à la France, l’un des enjeux du prochain quinquennat est de savoir si nous voulons vraiment avoir une politique de Soft power à la hauteur de nos ambitions. Cela nécessite une forte volonté politique.

Article publié dans Le Point Afrique le 13/05/2022

Alexandre Medvedowsky
Alexandre Medvedowsky est un ancien élève de l’Ecole Nationale d’Administration (promotion Denis Diderot, 1984-1986). Magistrat au Conseil d’Etat à partir de 1986, il siège au cabinet de Laurent Fabius alors président de l’Assemblée Nationale de 1990 à 1992. De 1998 à 2001, il est professeur associé à l’Université d’Aix-Marseille III et enseigne à l’IEP de Paris jusqu’en 2006. Il a été conseiller des Bouches-du-Rhône de 1998 à mars 2015. Nommé conseiller d’Etat en juillet 2001, il rejoint ESL & Network Holding la même année et intègre le Directoire d’ESL & Network Holding, dont il est nommé président le 1er janvier 2013. Il a été élu président du SYNFIE, le syndicat français de l’intelligence économique en mai 2014.