Angela Merkel : les ultimes combats…

08.04.2021 - Regard d'expert

A moins de six mois de son départ tout indique, sur le champ politique berlinois, que la chancelière allemande aurait perdu la main en présentant, un jour, face aux princes régionaux de ses Länders, ses regrets pour effacer une dureté pro-confinement de la veille, avant de nier, en direct à la télévision, la moindre concession le jour suivant.

Finalement démonétisée par les traquenards imprévisibles d’une pandémie imprédictible dans ses incessants sacs et ressacs, la gestion improvisée et erratique de la chancelière semble l’avoir irrémédiablement fragilisée. Autant les analystes les plus chevronnés du paysage médiatique allemand la voient en perdition dans ce « Triangle des Bermudes » fatal que prisent d’évoquer les éditorialistes d’Outre-Rhin. Avec pour effet de perdre, sauf miracle, toute forme d’influence sur la désignation du futur candidat chancelier de la chrétienne- démocratie allemande. Un handicap qui va peser sur le choix, plus que jamais incertain, des deux postulants encore en lice.

Ce que confirment les tout derniers sondages, disponibles sous le manteau. Concernant le rhénan et ex-enfant de choeur catholique Armin Laschet, jusqu’alors potentiel favori, il jouirait actuellement du soutien de 23% des votants chrétiens-démocrates, tout en souffrant de l’incertitude de 12% d’hésitants et de la défaveur de 65% des votants. A l’inverse, Markus Söder jouit d’un potentiel de voix de 56% pour 8% d’incertains et subit la défaveur de 36% de cet électorat. On ne peut donc exclure que Söder, de confession luthérienne et pourtant choisi en 2018 comme « électeur libre » et ministre-président très bien élu localement, car écolo-compatible, par une Bavière également très catholique, crée, dans la soirée du 30 septembre prochain, la surprise que personne n’attendait.

Cela revient à « Jouer à qui perd gagne » avec l’esprit communautaire luthérien aidant et l’assentiment secret d’une chancelière qui pourrait faciliter cette sainte surprise en faveur d’un candidat imaginatif et disruptif d’ores et déjà brillamment plébiscité en Bavière

Michel Meyer
Écrivain et journaliste, Michel Meyer a été correspondant en Allemagne pendant une quinzaine d’années au service de la télévision publique française, au point de devenir un des meilleurs connaisseurs de sa culture. Il devient ensuite directeur de l’information de Radio France, avant de participer à la création de France Info en 1987. Il a également publié plusieurs ouvrages, notamment son « Dictionnaire amoureux de l’Allemagne » aux éditions Plon, en 2019.