They are young

25.02.2021 - Regard d'expert

Bonne nouvelle. Les politiques sont de plus en plus nombreux à s’adresser directement aux jeunes en se rendant, finalement, sur leurs propres canaux. Les échéances 2022 sont évidemment bien présentes dans les esprits des uns et des autres.

Pas de sursignification

On a parlé de politique. Enfin. Avec ma petite soeur étudiante. Avec les stories de Gabriel Attal, on a discuté des missions du porte-parole du Gouvernement. Après l’interview d’Hugo Travers sur Twitch avec Frédérique Vidal, on a évoqué le rôle de la ministre de l’Enseignement supérieur. Et nous sommes revenues sur tel ou tel décideur politique présent sur TikTok, Snapchat ou bien encore YouTube. Le format et le canal changent. C’est d’ailleurs pour cela qu’on en parle autant. Pourtant, l’exercice de communication demeure bien le même pour le responsable politique. Il s’agit toujours d’être entendu et d’être écouté des parties prenantes auxquelles on entend s’adresser. Pour le pouvoir en place, il convient de valoriser les propositions concrètes et les initiatives prises qui se traduisent dans le quotidien des jeunes devant faire face à la crise et aux difficultés à se projeter pour la suite. Emergent, ainsi, de nouvelles manières de s’adresser à ces jeunes sans les singer avec leurs propres codes. Nul besoin de sursignifier ou de surjouer telle ou telle attitude pour tenter, vainement, de paraître un peu plus cool qu’habituellement.

Pour de vrai

S’y intéresser pour de vrai. Pour s’adresser à des publics, il faut qu’ils se sentent concernés depuis leurs canaux tout en restant fidèles à leurs habitudes de consommation médiatique. La séquence récente avec les youtubeurs McFly et Carlito le manifeste d’ailleurs bien. Emmanuel Macron leur a lancé un défi qui a fait beaucoup parler. Il consiste à réussir à franchir le cap des 10 millions de vues avec une vidéo mettant en exergue l’importance des gestes barrières. Bien entendu, le bruit médiatique est assuré, avec un souci de pédagogie et de sensibilisation à l’intention des plus jeunes. Ce sera un clip de 4 minutes 43 intitulé « Je me souviens ». On y retrouve l’esprit et le sens de la dérision très présents dans les créations de McFly et Carlito. Avec humour, les protagonistes rappellent que ces gestes importent dans le contexte de crise sanitaire que nous traversons. Voici un détour par le divertissement pour inciter à adopter un bon comportement. La viralité est de mise tout comme les conversations suscitées à ce sujet. Le buzz est bien là ; auprès des jeunes générations à qui la vidéo s’adresse en premier lieu. L’écho suscité par ce pari lancé par le président de la République a aussi été repris par les médias généralistes. De l’annonce du défi par Emmanuel Macron à la réalisation de ce défi en passant par la diffusion de la vidéo sur YouTube ; la séquence communication a été rythmée en plusieurs temps.

Endosser le costume de responsable politique

Un medium singulier. Cultiver l’effet de surprise et continuer à étonner les parties prenantes à qui le politique souhaite s’adresser. Garder l’initiative. Le choix du medium peut y participer pleinement. On se souvient de la forte médiatisation de l’interview d’Emmanuel Macron , le 4 décembre 2020, par Brut. On sait aussi bien que les élections de 2022 approchent à grands pas dans un contexte où la distance sociale est de mise. Il convient, ainsi, d’être malin, ingénieux et innovant afin de rendre audible son candidat. Outre les médias traditionnels qui demeurent, bien entendu, cruciaux, les candidats se feront aussi entendre sur des pureplayers. On les verra également intervenir sur Twitch et aussi en story sur Instagram. La manière dont les politiques s’emparent de ces réseaux et ces plateformes sera, bien entendu, analysée et décryptée. La vigilance est bien de mise : le recours à ces nouveaux canaux ne doit pas être appréhendé comme un simple décorum jetable et interchangeable. Sinon, le risque de perdre de crédibilité de la parole politique s’installera. Charge à ces politiques, parfois devenus un peu geeks, d’endosser leur costume de responsables avec simplicité et authenticité. Ils restent, en effet, avant toute chose, des responsables qui prennent des décisions. Cette dimension se doit d’être pleinement visible et entendue auprès des publics. Elle ne peut être diluée et apparaître en second plan derrière tel ou tel émoji ou bien nouvelle formule. La focale mise sur ces nouveaux outils et ces plateformes qui tendent à s’imposer chaque jour davantage pour cette jeune génération est un signal fort et important. Une manière pour elle d’enfin se faire entendre, de porter sa voix et de retisser un lien. Alors, oui, on continuera de parler politique avec ma petite soeur.

Mathilde Aubinaud
Mathilde AUBINAUD, diplômée d’ASSAS et du CELSA en stratégie de marque branding, est communicante et plume. Après avoir été responsable des relations publiques, elle prépare les élèves aux concours de l’enseignement supérieur, elle décrypte la communication politique. Elle vient de publier son 6ème livre La Saga des Audacieux chez VA Editions.